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Guy Nantel rend un vibrant hommage à son héros

Tel qu’annoncé plus tôt, la légende Guy Lafleur nous a quitté à l’âge de 70 ans.

Pour l’occasion, c’est l’ensemble du milieu sportif, culturel et politique qui lui rendent hommage.

Visiblement, Guy Lafleur a marqué plusieurs générations, et ce, dans l’ensemble de la population.

Ainsi, l’humoriste et ancien candidat à la chefferie du Parti Québécois a tenu à rendre hommage à son héros.

Voici l’intégralité du texte de sa publication :

« Il s’appelait Guy… comme moi!

Il était né un 20 septembre… comme moi!

Ses plus grands exploits, il les a accomplis quand j’avais entre 7 et 12 ans. L’âge où tout se joue en fonction des influences que l’on reçoit dans la vie. Aujourd’hui, je perds la plus grande idole que j’ai eu de toute ma vie. Rien à voir avec un artiste ou un athlète qu’on aime bien. Guy, c’était un Dieu.

C’était aussi le lien entre mon père et moi. Mon père était un homme qui parlait peu et qui travaillait des heures de fous sur son taxi. On le voyait peu. Mais le samedi soir, on écoutait le hockey ensemble… Ensemble!

Enfin, on était ensemble! Daddy, moi et Ti-Guy Lafleur! Et c’était là que mon père s’animait comme jamais je ne le voyais. « Enwoye Ti-Guy! Patine Ti-Guy! Shoot Ti-Guy! » On était bien en maudit les trois dans notre petit salon.

Un jour de printemps où j’avais 8 ou 9 ans, ma sœur m’a emmené à la parade de la coupe Stanley. J’ai manqué l’école, mais c’était un cas de force majeure. La Coupe !!! Ma sœur prit un morceau de papier et griffonna mon nom et mon numéro de téléphone dessus. À l’époque, les joueurs étaient beaucoup plus accessibles pour le public lors des défilés. Arrivés à notre niveau j’ai fait une chose que je n’aurais jamais crue possible : J’ai touché à Ti-Guy. JE CA-PO-TAIS !!! Durant ce temps, ma sœur prit le bout de papier et le glissa dans la poche de mon idole.

Je n’en revenais pas. Le plus beau jour de ma vie. J’avais touché au ciel et en plus, Guy Lafleur avait mon numéro de téléphone. J’en parlais à tous mes amis. Il était possible que dans notre HLM, je reçoive un appel de Guy Lafleur. L’appel n’est jamais venu. Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! J’existais. J’étais devenu plus grand que moi-même. Parce que même si certains de mes amis ne me croyaient pas, moi je savais que Guy Lafleur avait dans sa poche MON numéro de téléphone.

C’est ce qui est précieux de l’enfance. Tous ces petits gestes qui proposent une transcendance à notre existence. Qui nous marquent à tout jamais parce qu’ils nous rappellent que tout est possible, qu’on peut se sortir de sa misère, devenir plus grand que l’on croit. Ces moments qui nous permettent momentanément d’effleurer un destin que l’on n’avait jamais envisagé.

J’ai plus tard rencontré Monsieur Lafleur et on a discuté de tout ça. De ce qu’il a été pour moi. J’avais l’impression de ne pas être très original me disant qu’il devait avoir entendu ce genre de propos des milliers de fois de la part de partisans. Mais non. Je le sentais sincèrement touché. Touché comme le sont les gens qui aiment ce qu’ils font. Qui aiment les autres. Qui aiment faire les choses à la perfection et qui savent prendre le temps afin d’inspirer les humains, les peuples.

Un jour, Guy a annoncé qu’il vendait tous les souvenirs de sa carrière. Il voulait se payer un hélicoptère je crois. Son rêve. Je n’allais pas perdre ma chance. Je savais que Guy Lafleur était une idole à l’échelle mondiale et que le marché pour ses souvenirs était international : Canada, États-Unis, Russie, Suède, Japon même. Mais j’ai eu la chance de mettre la main sur ce magnifique chandail que Guy a porté au Forum durant toutes les séries de la coupe Stanley 1978. Il m’avait fait tant rêver. J’avais 10 ans.

Je garde en mémoire ce fameux but que Lafleur avait marqué contre les maudits Bruins de Boston en prolongation, d’un puissant lancé frappé de l’aile droite. Il portait justement chandail. Fabuleux!

Il était hors de question que cette pièce de collection parte pour une autre contrée. C’est NOTRE Guy Lafleur. J’ai donc été assez chanceux pour acheter le chandail.

Je ne le sors presque jamais. Cette relique est pour moi un symbole de gloire, c’est notre histoire et il demeurera toujours dans notre patrimoine. Je le conserve précieusement dans un coffre à la banque parce que j’aime m’en ennuyer. Il ne faut pas abuser des bonnes choses sans quoi elles deviennent banales. Alors une seule fois par année, je le sors de sa cachette et je le porte. Je redeviens alors, l’espace de quelques heures, l’enfant que j’ai été. Mais je deviens aussi Guy Lafleur par procuration. Je me rappelle alors que tout est possible pour moi-même, pour ceux que j’aime, pour les Québécois.

Aujourd’hui je perds la plus grande idole de toute ma vie. J’aime croire qu’aucun partisan n’a aimé cet homme plus que moi, même si nous devons être des milliers à penser cela. Je suis profondément triste. Mais je ne pleure pas trop. Juste un peu.

Je garde le moral car toute ta vie Ti-Guy, tu as su nous donner du bonheur et de l’espoir. Tu nous as fait grandir. Et il faut savoir être digne de toi. Tu as été si grand que ce matin, quand j’ai entendu la nouvelle de ton décès à la radio, j’étais accompagné de ma fille dans la voiture. Elle ne t’a jamais vu jouer, elle ne s’intéresse pas vraiment au hockey. Mais un lourd silence a envahi la voiture. Des larmes sont montées à ses yeux. Les miens aussi. On a pleuré, mais pas trop non plus. Juste un peu.

Tu étais grand comme ça Ti-Guy. Merci mon héros!

Guy! Guy ! Guy! »

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